samedi 5 juin 2010

DDL : Pourquoi les Majors n'attaquent-ils pas plus sérieusement les hébergeurs ?

Mais pourquoi donc les "Majors" ne s'attaquent-elles pas plus sérieusement au DirectDownload ?

Prenons un peu de recul ...

Ces derniers mois ont vus se dérouler une attaque massive dirigée contre le P2P.

Les attaques menés au travers des tribunaux se sont généralement couronnées de succès, juridiquement parlant. (voir les affaires Isohunt, mininova, ThePirateBay,etc ...)
En parallèle, dans bon nombre de pays, des législations "durcies" se mettent en place visant là aussi le P2P. L'exemple de l'Hadopi française est parlante : ce sont les réseaux de partage de type e-mule ou bittorrent qui sont visés au premier chef.
Enfin, pour parachever les législation nationales, se met en place l'ACTA qui finalement vise à imposer une riposte mondiale contre le piratage.

Toutes ses actions ont fini par entrainer une baisse d'activité du P2P au profit du DDL.

Le décor est posé. Mais dans ce paysage, il y a un élément qui cloche.

Pour illustrer cette étrangeté , je prendrais deux événements qui se sont produits quasiment en même temps aux alentours du 20 mai.
D'un côté la Cour de justice de Californie juge que le service d'hébergement de fichiers RapidShare  n'est pas coupable de violation de copyright. Et de l'autre côté, la Cour d'appel de Suède exige la fermeture du tracker Openbittorrent.
Ces deux jugements sont surprenants car d'un côté Rapidshare héberge des fichiers entiers (dont certains sont piratés) sur ses serveurs alors que l'opentracker ne détient aucune information sur les fichiers dont il se fait le relais sans même savoir à quoi ils correspondent.
Même si les juridictions sont différentes et que les cadres des procès ne sont pas les mêmes, il n'en reste pas moins qu'au final il apparait deux poids deux mesures selon que l'on est du côté DDL ou du côté P2P.


Mais pourquoi les "Majors" ne s'attaquent-elles pas de la même façon au DDL et au P2P ?

Mais au fait quelle est la différence entre les deux systèmes : DDL et P2P ?
La différence principale de mon point de vue tient dans les mécanismes de diffusion des fichiers qui sont aux antipodes l'un de l'autre.

En P2P , le mode de distribution est partagé entre tous les utilisateurs partageant un même fichier, la distribution est ainsi répartie entre tous les consommateurs, chacun donnant un peu de sa bande passante. De plus les dernières évolutions du bittorrent par le DHT permettent de se passer de tracker du genre de celui de ThePirateBay.
Économiquement parlant la distribution est répartie entre les utilisateurs , et il n'y a plus besoin aujourd'hui de distributeur (tracker).

Le directdowload quant à lui concentre toute la charge de la diffusion sur un nombre réduit d'acteurs : rapidshare, megaupload, gigasize, mediafire, 4shared, sendspace, zshare, filefactory, easy-share, badongo, depositfiles, hotfile, uploading.
Le rôle de la distribution est là prépondérant , omniprésent contrairement au P2P !
Ces distributeurs sont bien plus puissants dans ce schéma que ne l'étaient il n'y a pas si longtemps des Virgin Megastore ou la Fnac.
Ce nombre réduit d'acteurs ainsi que leurs montées en puissance face au P2P devrait concentrer sur eux les foudres des Majors.

Alors encore une fois : pourquoi les Majors paraissent-ils si modérés dans leurs attaques vis à vis du DDL ?

C'est la sentence vis à vis de Rapidshare qui m'a mis sur la piste de L'EXPLICATION, la raison de cette relative clémence des Majors vis à vis du DDL.

Traduction libre : "RapidShare (...) espère convertir les pirates en clients payants. Au lieu de simplement supprimer les pages où des contenus copyrightés peuvent être téléchargés , RapidShare souhaite rediriger les utilisateurs vers une boutique en ligne où le même contenu peut être acheté en toute légalité".


La stratégie des Majors devient alors claire comme du cristal.

1) Combattre à outrance le P2P de façon à réduire son influence dans la distribution des œuvres/fichiers pour pousser les utilisateurs vers le DDL.
2) Abattre les petits distributeurs de DDL en ne laissant prospérer que les plus gros. Moins ils seront nombreux plus ils seront faciles à "convertir".
3) Forcer à grand coup de procès, les plus gros à devenir des partenaires dans la diffusion légales des œuvres (cas récent de Rapidshare). Voir même peut-être pourquoi pas créer de toutes pièces quelques sites d'hébergement "amis" qui basculeront sans résistance dans le "tout légal".


En désertant le P2P pour le DDL les internautes seraient donc en train de se précipiter dans un immense piège construit sciemment par l'industrie du divertissement  !

Cette théorie du complot , carrément paranoïaque ne tient que si on oublie la fantastique capacité de transformation qu'à internet de façon général face aux attaques diverses et variées: la mutation, en quelques mois seulement, de ThePirateBay en est le meilleur exemple .

4 commentaires:

  1. Je suis complétement d'accord avec ton analyse.
    Ça fait quelques mois que je pense à cette théorie.

    Le P2P les dérangent parce-qu'ils ne contrôlent rien.
    Le direct download comme tu le dis va se partager en 3 ou 4 gros acteurs (Un peu comme la vidéo en streaming YouTube...). Quand les choses seront plus clair et stabilisé rien ne les empêchera de contrôler/acheter ses plateformes, de les rendent payant etc...

    Je suis étonné que personnes ne parle de ça sur le net.

    L'internet le vrai est décentralisé quand il y'a centralisation, ça sent pas bon !
    Minitel 2.0 quand tu nous tient...

    Au passage très bon ton blog. ;-)

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  2. et c'est ce qui est arrivé maintenant!!!!

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  3. Ça me rappelle un vieux article à toi (http://t.co/0uHUFcBz) que je cite fort souvent puisque dans l'on est en plein dans la phase répressive de "[l'] immense piège construit sciemment par l'industrie du divertissement." dont tu parlais il y a déjà il y a deux ans. Et je ne peux m'empêcher de te demander ce que tu en penses, en particulier par rapport à cet article et celui-là (http://goo.gl/LkFg9). Est-ce selon toi la fin du téléchargement pirate ?

    À ce sujet je te recommande la lecture de cet article : http://t.co/mlou9KJ8 "Code Is Law" (Lawrence Lessig - janvier 2000 - Harvard Magazine) qui va parfaitement dans le sens de ta conclusion de l'époque!

    D'une certaine manière les Majors ont gagné et donc - et c'est ce qui m'inquiète le plus - c'est au final l'internaute le grand perdant ! Ce que tu appelles "l'age d'or" du DDL était aussi du point de vue de l'internaute, celui de la culture et du divertissement. Quand aujourd'hui je vois sortir des lois comme SOPRA,HADOPI,ACTA etc. et que j'écoute le discourt des politiques (en France), je ne peux pas m'empêcher de penser que l'on a loupé quelque chose ! Ce qui aurait pu être une grande révolution culturel du web c'est finalement transformé en un énorme amalgame entre culture, liberté et partage, piratage, pédophilie et terrorisme ... Alors qu'il y a quelque temps, je me forcais à chercher des solutions légales alternative (que ce soit pour avoir de la musique en HQ ou un accés à de la VOD à des prix correct (>8€)), aujourd'hui je me dis que je suis con de ne pas avoir profité du systéme puisqu'ils sont partis pour profiter de nous! À quand le parti pirate français, s'il le faut batons la politique par la politique. Le PIRATEN à quand même fait 8,9% au derniére élections en Allemagne, c'est peut être la solution ! Par ailleurs, les nombreux echos que font les anonymous en France - même si je n'adére pas à leurs méthodes - me font dire que je ne suis pas le seul à penser comme ça. Révolution pirate ?

    PS: Désolé d'avoir utilisé ton blog pour mon #coupdegeuleduvendredisoir

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    1. Il me semble que les Majors ont, finalement, toujours une guerre de retard: alors que le P2P commençait à stagner et où le DDL amorçait sa croissance, elles se sont attaquées au P2P, maintenant c'est au tour du streaming et du DDL mais pour l'instant, elles ne sont toujours pas parvenues à abattre véritablement aucune de ses cibles : e-mule, torrent, streaming, DDL, etc ..
      Pendant ce temps, de nouvelles alternatives se mettent en place tels que les darknets ...
      Entre le glaive et le bouclier, le glaive a toujours un temps d'avance ...

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